A l’heure de la mondialisation plusieurs constats s'imposent. Tandis que les alarmistes perçoivent une déliquescence des valeurs fondamentales, les optimistes perçoivent dans ces transformations un changement de paradigme quant à la place de l’homme dans le monde et à l’évolution de sa maturité collective vis-à-vis des défis qui l’attendent. Au milieu de cette complexité philosophique, qui s’appuie autant sur les plus belles aspirations que sur les peurs les plus archaïques de chacun, la Franc-maçonnerie tente de maintenir l’axe traditionnel de l’initiation tout en s’inscrivant dans l'inéluctable et nécessaire modernité.
Si cette formulation peut paraître paradoxale, il n’en est rien. Il n’en est rien parce que l’initiation traditionnelle n’a rien en commun avec la temporalité du monde phénoménal, elle n’est d’aucune époque ni d’aucun lieu. En effet, il est dans la nature de cette expérience de se revêtir des attributs de son temps et de la culture dans laquelle elle s'exprime. L’initiation constitue l'accès à une métaphysique qui la place de facto hors des contingences de toutes sortes, et parce que son caractère est l'inaltérabilité, elle offre à celui qui cherche sincèrement les moyens de sa quête, quel que soit le "camp" philosophique qui est le sien. L'initiation constitue ainsi une fracture dans ce monde hypnotique, une opportunité d'éveil et un espace existentiel qui permet de déployer et d'affirmer les singularités de chacun, et par là même d'accepter de mieux en mieux celles des autres.
La Franc-maçonnerie égyptienne constitue, dans ce paysage complexe, un accès à cet espace existentiel et spirituel par la perpétuation des rites initiatiques et l’enseignement des symboles traditionnels. Elle se maintient pour cette raison en dehors de toute prise de position religieuse, sociale ou politique, mais invite le maçon à y prendre part en tant que maillon actif de l’humanité.