PROGRESSION INITIATIQUE AU SEIN DE L’ORDRE MAÇONNIQUE TRADITIONNEL DE MEMPHIS-MISRAÏM

Le Maître Elu est sans aucun doute l’un des grades les plus mystérieux de notre rite et, pour cette raison, l’un des plus mal compris. Certaines filiations de Memphis-Misraïm, trouvant le thème inquiétant, ont décidé de ne plus le pratiquer et de ne le transmettre que par communication. Pourtant, ce grade était considéré par Robert Ambelain comme le seul qui soit "obligatoire" dans un Collège. En effet ce grade maçonnqiue constituait, et constitue encore, la porte d'entrée vers une maçonnerie particulière en trois degrés qui constitue un Ordre intérieur à part entière.

Le thème de ce degré maçonnique, basé sur la vengeance de Maître Hiram, en fait un grade moralement et philosophiquement complexe qui ne trouve sa résolution que dans son versant métaphysique. C'est ici que la résolution de la quadrature du cercle réalisée dans le degré précédent donne la clé pour dépasser les apparences. La présence des carrés magiques sur le tableau sont aussi des indices importants quant aux diverses significations ésotériques qu'il véhicule et de son immense valeur initiatique. Ce grade est absolument fondamental pour qui veut ressentir et se connecter à l'égrégore véritable du rite.

Les deux grades sont transmis le même jour. Il s’agit pour nos Frères reçus à ces degrés d’explorer les ruines du Temple jusqu’à découvrir le secret gardé au coeur de la dernière Voûte Sacrée. Ces grades sont en rapport avec les diverses étapes kabbalistiques donnant accès à la « couronne » et à compréhension de la valeur du "Nom de pouvoir" que nos frères redécouvrent, mais sans parvenir à le prononcer car ils ne possèdent pas encore la clé ésotérique. Les Frères ayant eu un parcours en kabbale reconnaîtrons nombre de symboles qu'ils découvriront sous un angle nouveau.

Le Chevalier de l’Aigle Noir dit Rose+Croix fut à l'origine un grade pratiqué au XVIIIe siècle au sein du Rite Ecossais Philosophique. Dans ce rite il était orginellement transmis en trois degrés, ou parties, et constituait le début du chemin initiatique.

Le Frère reçu à ce degré y retrouve enfin la Parole Perdue, mais selon une perspective ayant nettement une destination opérative, puisque l’ensemble s’exprime dans un contexte alchimique très particulier conduisant à « l’ouverture du cœur ».

Les familliers des études ésotériques et théurgiques y retrouveront des références opératives, puisque le Temple est un microcosme hermétique, matérialisé par la présence des signes du zodiaques et les 7 planètes et métaux au milieu du Temple, dont la balance secrète de Salomon permet d'user avec sagesse.

On retrouve dans ce grades toutes les préoccupations initiatiques et ésotériques du Baron Henri Théodore Tschoudy qui en est l'auteur originel, personnage pas assez connu qui eut pourtant un rôle majeur quant à ce que sont les Rites maçonniques égyptiens aujourd'hui.

Le Chevalier Kadosh est un grade singulier au sein du rite de Memphis-Misraïm puisqu’il est en relation directe avec le 9e degré auquel il renvoie de manière sibylline. Son rituel d’ouverture constitue une particularité ayant une très forte dimension ésotérique et le Frère est ainsi invité à un combat spirituel contre les tyrannies de toutes natures, la plus importante étant celle de son propre esprit sur lui-même.

Ce grade poursuit sa relation avec les "Ordres Internes du rite" dont la porte d'entrée se trouve au 9e degré. La vengeance et la mort ont toujours été des symboles les plus à même d'éloigner les curieux des Mystères les plus sacrés de l'Ordre.

Selon Robert Ambelain, ce grade aurait un lien discret avec la très vieille fraternité des « Chevaliers d’Asie ». Il termine « ésotériquement » la série des grades philosophiques en envisagent une synthèse de l’ensemble des grades précédents, mais aussi une conclusion particulière quant à la nature du « Secret » de l’Ordre.

Ce grade n'a pas toujours été pratiqué, à tort selon nous, car il permet de clôturer les "enseignements" philosophique de la franc-maçonnerie, marquant ainsi la frontière avec les grades dits "hermétiques" du rite.

Le Souverain Grand Inspecteur Général clôture définitivement la série Philosophique de la franc-maçonnerie afin de laisser place à la franc-maçonnerie dites hermétique, véritable spécificité du rite de Memphis-Misraïm.

Ce grade a, dans notre rite, une fonction essentiellement administrative de gestion du « Suprême Conseil ». A ce titre, il permet d'établir des relations  avec les autres puissances maçonniques qui en font le grade terminal de leur structure.

Le Patriarche Grand Installateur est une fonction spéciale qui est transmise aux Grands Maîtres des Grandes Loges ayant des loges symboliques travaillant au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Cette fonction leur permet d’opérer l’installation de Loges selon les règles Traditionnelles propre au Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, tout en garantissant l’étanchéité administrative des structures souhaitée par les Frères lors de la création de l'Ordre et de notre entrée au sein de l’Alliance.

De cette façon, l’Ordre a la garantie de garder son intégrité rituelle et initiatique dans la régularité de sa pratique. Cette fonction était autrefois dévolue au titulaire du 66e degré qui opérait dans les loges symboliques à l’occasion de la fondation rituelle d’un atelier.

Ce grade repose sur les rituels élaborés par les Passés Grands Maître Jean BRICAUD et Constant CHEVILLON.

Le Patriarche Grand Consécrateur est un degré particulier, que certain qualifie de sacerdodal, puisqu'il confère à celui qui le reçoit la possibilité de consacrer des Temples et de procéder à la fondation rituelle des ateliers de l'Ordre.

Si le 65e degré permet de réaliser le rituel de fondation des Loges, le Patriache Grand Consécrateur possède quant à lui des pouvoirs plus étendus puisqu'il est habilité à fonder Loges, Collèges, Chapitres, Aréopages, Conseils, Temples Mystiques, selon des rites spécifiques à chacun de ces « étages ».

Il a donc à cet égard une valeur ésotérique importante pour l’Ordre, mais aussi pour le Frère quant au travail personnel qu’il doit réaliser sur lui-même en vue d'être dans la disposition intérieure parfaite pour accomplir sa fonction de Consécrateur.

Ce grade, connu aussi comme « Arcana Arcanorum », est sans doute le plus mystérieux et le plus complexe de tous. Beaucoup de Frères ayant atteint ce grade s'interrogent encore, tout à fait légitimement d'ailleurs, lorsqu'ils comparent ce qu'ils ont reçus avec ce que l'on peut lire sur le sujet...

La raison est que ce grade peut être conféré de deux manières : soit en une seule fois lorsqu’il s’agit de communiquer le grade en sa forme générale maçonnique ; soit en 4 cérémonies distinctes (87e, 88e, 89e, et 90e) lorsqu’il est conféré en sa forme hermétique et avec des rituels tout à fait différents.

Les enseignements initiatiques ultimes ayant été révélés à mots couverts au cours de la réception au « Sublime Maître du Grand-Œuvre », il n’est plus question, en ce dernier degré de la hiérarchie, que de former de véritables conservateurs inébranlables des traditions et des enseignements du Rite, ainsi que de ces coutumes et usages, exprimés dans ses Rituels, Constitutions et Règlements généraux. Il ne s’agit donc plus ici d’une initiation, mais d’une transmission correspondant à une entrée en fonction.

Le Récipiendaire doit avoir été obligatoirement reçu au 90e degré (grade transmis dans sa forme générale). Il doit connaître et avoir reçu tous les grades des "Ordres Internes" afin de pouvoir assurer, en cas de besoin, la succession et la transmission du rite dans sa parfaite intégrité initiatique.

Comme dans beaucoup de grades maçonniques, un mythe ou une légende sert de support à la transmission d'éléments ésotériques et initiatiques.

Au 87e degré, le Frère doit vaincre un animal légendaire qui protège l'entrée d'un Temple souterrain au milieu duquel se trouve ce qu'il vient chercher. Dès lors lui est enseigné allégoriquement comment il doit s'y prendre pour gagner ce combat éternel, lui donnant alors accès à la pleine compréhension de sa "nature immortelle". 

Il découvre la clé et surtout comprend comment œuvrer sur lui-même.  Ce processus est l’objet de la cérémonie symbolique.

Au 88e degré, le Frère poursuit la suite du mythe commencé au 87e degré. Après avoir vaincu l'animal, une nouvelle épreuve attend l'imprudent voyageur qui s'engage dans l'Escalier des Sages. Mais au fur et à mesure de son avancée, il découvre combien sa liberté intérieure est illusoire et que son premier combat n'était rien comparé à ce qu'il doit résoudre maintenant. C'est ainsi qu'il prend peu à peu conscience de son état précaire. Dès lors, il se souvient des préceptes qu'il avait appris jadis, et découvre le moyen de vaincre cette force qu'il sent en ce moment même. C'est ainsi que, sortant du Temple Noir, il accède au Temple Vert, situé sur une colline entourée d'eau.

Après s'être libéré de l'obscurité originelle en découvrant la "Lumière qui ne brûle point les yeux", le Frère est désormais, par sa disposition intérieure, en faculté d'invoquer les puissances du ciel.

C'est ainsi que, s'isolant dans le désert comme beaucoup d'autres avant lui, il se met en prière pour invoquer l'ange devant lui montrer la fin du chemin. Celui-ci lui apparrait enfin et, exauçant sa prière, l'emporte avec lui dans les cieux afin de lui montrer la pyramide dans le désert, et avec elle, le secret des 40 colonnes de marbre blanc qu'il est venu chercher.

Ainsi le 89e degré dévoile au Frère les divers plans de l’être et par analogie les divers plans de l’univers avec lesquels il doit apprendre à interagir. Il s’agit de comprendre les clés de la théurgie, l’art d’entrer dans le Temple réel dont l’Esprit de l'initité est la porte unique. C'est ainsi que le Frère parvient à la parfaite autonomie et liberté spirituelle, car il possède désormais toutes les clés.

En ce sens, la cérémonie confirme ce qui est dit dans le tuileur officiel du grade originel : "ce grade, que l'on peut appelé le dernier de la maçonnerie". En effet le 90e grade n'est que la conslusion et la synthèse des 87e 88e et 89e degré.

L'origine de ce grade (et des 3 précédent) dépasse de loin le cadre maçonnique puisque son contenu est issu des cénacles hermétiques s’étant organisés durant la Renaissance en Italie et en France. Ces grades sont en quelque sorte, une synthèse des éléments clés de la Voie hermétique, entendus dans leur dimension individuelle et intérieure,  étant admis que ces principes trouvent aussi leur application analogique dans les divers domaines du trivium hermétique classique.

Ce degré est transmis séparément des 87e, 88e, 89e degré lorsqu’il est conféré en sa forme hermétique. Il constitue une sorte de synthèse de ces trois grades. Le Frère y découvre qu’il possède une double nature symbolisée par Isis et Osiris, mots de passe de ce degré, et que cette double nature a été au cœur de son parcours opératif développé dans les 3 grades précédent. Le 90e degré est donc le dernier grade d’instruction du rite, bien que le parcours doctrinal complet ait été totalement transmis dès le 89e.