La théurgie des "ARCANA ARCANORUM"
- Par Axel KAROL
Ce texte est extrait d’un ouvrage paru aux editions de la Tarente
Personne ne s’était plus penché sur le thème des ARCANA ARCANORUM depuis bien longtemps jusqu’à ce que Jean-Pierre GIUDICELLI de CRESSAC BACHELERIE écrive en 1988 dans son livre Pour la Rose Rouge et la Croix d’Or :
« Cet enseignement concerne une théurgie, c'est-à-dire une mise en relation avec des éons-guides qui doivent prendre le relais pour faire comprendre un processus, mais aussi une voie alchimique très fermée qui est un Nei Tan, c'est-à-dire une voie interne ».
Cette affirmation créera un stress important dans le petit milieu ésotérique de la maçonnerie égyptienne parce qu’à cette époque, personne ou presque ne voit vraiment de quoi parle GIUDICELLI. En fait, cette affirmation faisait directement référence à l’Ordre Osirien Egyptien (C.E.U.R - Casa Editrice Universale di Roma) auquel il a appartenu et qui se servait de l’organisation créée par Giuliano KREMMERZ pour recruter. Le système mis en place par KREMMERZ était en quelque sorte un préambule magico-théurgique « isiaque » à la voie « osirienne » de l’Ordre Osirien Egyptien, voie concernant la fameuse alchimie interne. Cet Ordre Osirien Egyptien est relativement récent historiquement, mais on sait qu'il a été organisé selon des sources plus anciennes qui restent un vrai mystère, mais nous sortons là de la configuration maçonnique habituelle pour entrer dans l’univers nébuleux des sociétés secrètes, pas toujours initiatiques d’ailleurs. On peut donc se demander à ce stade, quel est le rapport entre ces structures avec le sujet qui nous intéresse ici ?
La réponse est relativement simple : Avant que la «
Fraternité Thérapeutique et Magique de la Myriam » (F+T+M+M+) de
KREMMERZ ne soit créée en 1896 et ne serve de vivier à
l’Ordre Osirien Egyptien, ce dernier utilisait principalement comme structure intermédiaire le rite Maçonnique Egyptien de Misraïm (Arcana Arcanorum). Nous n'avons pas tous les détails mais ce rite égyptien proposait un travail théurgique préalable un peu moins élaboré que le système kremmerzien. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que cette théurgie était contenue dans les 4 grades terminaux du rite de Misraïm, sujet qui nous intéresse ici au plus haut point car concernant ce rite de Misraïm « Scala Napoli », nous sommes fin 19e, c'est à dire bien avant les «
Arcana de ROMBAUTS » de 1930. Cette pratique théurgique pourrait bien être un élément nouveau pouvant éclaircir la réalité historique des
ARCANA ARCANORUM (Voir notre précédent article sur l'organisation réelle de
l'échelle de Naples ou Arcana Arcanorum).
La question à laquelle il s’agit alors de répondre concerne donc l’origine de cette théurgie : vient-elle du rite de Misraïm en ligne directe depuis le 18ème siècle, la « vraie » échelle de Naples ? Ou bien a-t-elle été importée dans l’échelle de Naples maçonnique par les instigateurs de l’Ordre Osirien ? C’est à cette question que nous allons essayer de répondre.
Commençons d’abord, pour aborder le sujet, par nous pencher sur les fraternités myriamiques de G.KREMMERZ.
La « Fraternité Thérapeutique et Magique de la Myriam » (F+T+M+M+)
Les
Myriam constituent une étude à part entière, le but du présent chapitre n’a donc pas pour ambition de présenter l’analyse d’un système extrêmement complexe, source de troubles importants en Italie depuis plus d’un siècle, alimentant une situation inextricable où chacun prétend détenir la vérité. Il est seulement question ici de montrer le rôle joué par les
Myriam en remplacement du rite Egyptien de Misraïm
ARCANA ARCANORUM.
En 1896, Giuliano KREMMERZ jette les bases de la « Fraternité Thérapeutique et Magique de la Myriam » (F+T+M+M+). Il s’agit d’un Ordre externe qui propose un parcours magique et théurgique dans le but affiché d’enseigner la thérapeutique magique. Mais la fonction secrète des Myriam est aussi de servir d’antichambre à l’Ordre Osirien Egyptien, que l’on retrouve désigné sous l’appellation de Collège Opérant dans l’organigramme des Myriam. L’Ordre Osirien enseigne plus spécifiquement la très difficile voie alchimique interne Osirienne dont il y aurait sans doute beaucoup à dire à propos des magistères, tant les avis divergent sur la nature des éléments traditionnels qui jalonnent les pratiques de cette voie, mais il s'agit là d'un autre sujet. Quoi qu’il en soit, à ce niveau d’engagement dans la Voie, il n’est plus question de thérapeutique, mais bien de la réalisation d’un Corps de Gloire du vivant de l’adepte au cours de laquelle il devra en manifester les potentialités de son vivant par des vérifications tangibles.
A partir de cette période, les Fraternités Myriamiques remplaceront donc le rite égyptien ARCANA ARCANORUM dans sa fonction de transmission de la voie théurgique qui servait d’introduction aux alchimies internes de l’Ordre Osirien. Mais il faut être plus précis, l’Ordre Egyptien abandonnera l’option misraïmite mais sans cesser pour autant d’exister sous la forme d’une Loge maçonnique dite « Loge d’AMON », cette particularité a d’ailleurs laissé persister une ambigüité sur la nature de l’Ordre Osirien Egyptien dans ses relations réelles à la Franc-maçonnerie, car le vocabulaire de l’Ordre est resté maçonnique comme on peut le constater dans les documents internes. En effet, ce qui a été abandonné plus spécifiquement, ce n’est pas le rite de Misraïm mais l’utilisation de la théurgie importée dans les quatre derniers grades. C’est sans doute la raison pour laquelle l’option maçonnique reviendra régulièrement sur le tapis dans l’histoire de l’Ordre et qu’il y aura ainsi quelques allers-retours entre la maçonnerie et les Myriam de KREMMERZ. Mais, encore une fois, de quelle théurgie s’agissait-il dans ce rite de Misraïm ?
La source théurgique des ARCANA ARCANORUM
Il faut parfois partir à rebours afin de remonter à la source. Dans les années 90, Denis LABOURE publie un article intitulé « DE CAGLIOSTRO AUX ARCANA ARCANORUM ». Dans cet article, Denis LABOURE faisait suite et complétait ce qu’avait déjà écrit Jean-Pierre GIUDICELLI à ce sujet :
Un système théurgique d'invocation du Saint Ange Gardien ou d'une pluralité d'anges. Les invocations de l'éon-guide et celles de quatre, sept, neuf anges nous sont parvenues.
Lorsque Denis LABOURE écrit cela, il fait alors principalement référence à ce qui se pratique en Italie au sein de certaines filiations de rites égyptiens et en l’occurrence au 90ème degré du Souverain Grand Sanctuaire Adriatique auquel il a appartenu. Mais en réalité, la plupart des filiations italiennes utilisent ce système, ou quelque chose qui s’en inspire, je pense par exemple à L’Antico Rito Orientale di Misraïm e Memphis de la filiation Francesco BRUNELLI, affilié et reconnu par le Souverain Sanctuaire International de Robert AMBELAIN (Cependant Robert AMBELAINne sut jamais ce que faisait vraiment BRUNELLI), mais aussi d’autres rites moins connus de la scène actuelle.
Sans dévoiler le contenu de ce rituel du 90ème degré, nous devons relever cette curieuse mention annexe à la fin du livret d’instruction du grade, sans doute rédigée par G.VENTURA :
Il s'agit, en fait, de l'opération magique sans l'appareil d'invocation et de fumigation, que l'on connaît sous le nom de Conjuration des quatre éléments, effectuée en général dans le but de rappeler les esprits élémentaires, et ensuite modifié par le rajout de l'appel des puissances angéliques. Toute la cérémonie a été reproduite par Levi dans son « Dogme et rituel de Haute Magie ». Cette opération en ce qui concerne l'invocation et l'évocation des puissances angéliques était exécutée dans les quatre grades du Rite de Misraïm dit Echelle de Naples (Scala Napoli), connue aussi comme ARCANA ARCANORUM et sans doute dérivée des loges des « Illuminés d'Avignon » où, dit Ragon, qui pris le mot du Rituel du 89° grade : ARCANA ARCANORUM de Misraïm: « on donne une explication développée des rapports de l'homme avec la divinité, par la médiation des esprits célestes ».
Il y a ici de quoi être interpellé, car pourquoi, alors que les ARCANA ARCANORUM sont censés venir de Naples, apprend-on que la source probable des ARCANA ARCANORUM serait les Illuminés d’Avignon et donc arriveraient de France ? Pourquoi mentionner, d’autre part, qu’Eliphas LEVI a reproduit le rituel ? VENTURA n’avait-il pas d’autres documents plus probants à mentionner pour en donner une provenance plus certaine ? Ce questionnement est intéressant de la part de VENTURA car il nous indique à son insu que la source de la théurgie des ARCANA ARCANORUM n’est pas identifiée avec précision, et donc que la seule référence écrite fiable et objective à laquelle il peut se référer est Eliphas LEVI. Le problème est que ce dernier n’était pas né lorsque l’échelle de Naples a été instaurée dans Misraïm. Quoi qu’il en soit VENTURA dit vrai, la pratique et l’étude comparative du rituel nous montre bien les éléments précis de la procédure que l’on peut trouver chez Eliphas LEVI dans le « SANCTUM REGNUM »[1] comme nous l'avions déjà signalé en 2002 dans un autre article sur le sujet. Mais comment est-ce arrivé là ?
Il est évident que VENTURA ne pouvait ignorer le fait qu’Eliphas LEVI n’était pas né au moment de la création de Misraïm, il lui était donc impossible de conclure que ce dernier était la source du système et c’est probablement ce qui peut expliquer qu’il ait proposé l’hypothèse des illuminés d’Avignon, de création plus ancienne. Pourtant l’analyse de VENTURA est plus juste qu’il n’y parait, car l’idée que LEVI puisse avoir un lien avec cette affaire se verra confirmée grâce à l’apparition de documents plus anciens, issus du système maçonnique ARCANA ARCANORUM créé par Giustiniano LEBANO et ses amis…
Les "Arcana Arcanorum" maçonniques du Grand Ordre Egyptien
En effet, au 19ème siècle il y eut un Grand Orient Egyptien ou Grand Ordre Egyptien assez mystérieux à la tête duquel se trouvait Giustiniano LEBANO alias SAIRITIS HUS. C’est au sein de ce Grand Ordre Egyptien que furent reçus Pasquale DE SERVIS (IZAR BNE ESCUR) et Ciro FORMISSANO (GIULIANO KREMMERZ). C’est encore ce Grand Ordre Egyptien qui donnera naissance au fameux « Ordre Osirien Egyptien » en lien avec la F+T+M+M (Fraternité thérapeutique et magique de la Myriam) fondée en 1896 par Giuliano KREMMERZ et auquel GIUDICELLI fera référence dans son livre. Voilà pourquoi nous avons évoqué dans un premier temps la question de la Fraternité Thérapeutique et Magique de la Myriam, parce qu’avant KREMMERZ, nous retrouvons un système maçonnique égyptien ARCANA ARCANORUM avec l’inclusion d’éléments théurgiques semblables à ceux dont VENTURA essaie d’identifier la source et où l’on retrouve effectivement en partie l’esprit du développement théurgique signifié par LABOURE.
D’ailleurs, citant Giuseppe MADDALENA CAPIFERRO et Christian GUZZO [2], Jean-Pierre GIUDICELLI, dans la réédition de son livre Pour la Rose Rouge et la Croix d’Or écrit encore:
«En 1867, le Grand Orient Égyptien Napolitain fut mis en sommeil ; il fut réveillé en 1869 par le Baron RICCIARDI et par LEBANO. » « Avec la mise en sommeil en 1873 de l'ordre de Misraïm, l'intégralité des archives du Grand Orient Égyptien fut transférée dans la Villa LEBANO à Borgotrecase, sous la protection du Grand Conservateur Sairitis Hus. » « Les douze membres du Collège Opérant de l'Ordre Osirien Égyptien étaient répartis en deux cercles internes composés respectivement de six éléments, préposés à la direction de 450 affiliés d'extraction sociale diverse et de provenance maçonnique hermétique diverse qui, entre 1885 et 1910, adhéreront au rite égyptien ARCANA ARCANORUM du maître Sairitis Hus. » « En 1885, Pascal de Servis fut reçu par Sairitis dans l'ordre de Misraïm Échelle de Naples, initiation qui lui permit son admission dans le mystérieux Collège des 12 Pairs Osiriens. L'Ascione fut un parmi les peu nombreux des membres du Synédrion Ammonéen traditionnel à soutenir le “progressisme ésotérique" de Kremmerz et son désir de propager les sciences sacerdotales, avec la fondation de la Fraternité Thérapeutique Magique de Myriam. »
Un document publié en Italie ces dernières années reprend ce qui est présenté comme le tuileur des quatre grades du rite de Misraïm du Maître SAIRITIS HUS (LEBANO) dont il est vraisemblablement l’auteur et qui a servi à la réception des Frères dans le Grand Ordre Egyptien. En effet, nous allons retrouver dans ce tuileur des éléments de théurgie qui seront en fait la source commune de beaucoup de rites maçonniques égyptiens d’Italie. Nous y retrouvons des éléments de procédure semblables à ceux d’Eliphas LEVI et cela en raison du fait que LEBANO a été très influencé par ce dernier, nous y retrouvons des invocations présentes également dans le Grand Grimoire ou Serpent Rouge. Il n’y avait donc pas de lien direct avec les illuminés d’Avignon comme l’avait pensé VENTURA mais seulement avec LEVI.
Nous la retrouvons plus tard en entête des documents internes du Grand Ordre Egyptien de LEBANO démontrant ainsi la hiérarchisation de l’influence de l’un sur l’autre. D’autre part, nous retrouverons aussi avec surprise cette représentation dans le Misraïm de Rudolph STEINER (Mystica Aeterna), qui lui aussi a utilisé la théurgie tirée des livres de LEVI. Nous pourrions nous en étonner, mais tout devient clair lorsque l’on sait que la source est encore la même notamment via le Prince Don Leone CAETANI, membre de premier plan du Synedrion de l’Ordre Egyptien de LEBANO, exilé au Canada, qui eu des contacts avec les groupes de STEINER. Mais venons-en maintenant au tuileur lui-même.
Le tuileur maçonnique du Grand Ordre Egyptien ou de LEBANO ?
Maintenant que nous avons planté le décor, la question qu’il s’agit d’examiner, compte tenu du sujet qui est le nôtre en cette étude est donc : ce qui est présenté dans ce document correspond-il vraiment à la « Scala Napoli » de la fin du 18ème siècle, celle dont on peut voir le tuileur maçonnique original à la Bibliothèque d’Alençon, ou bien s’agit-il d’autre chose ?
Si « culturellement » la véritable source de LEBANO derrière tout cet assemblage reste un mystère pour beaucoup, en raison qu’elle fait appel à un corpus gardé encore très secret aux origines prétendues chaldéo-égyptiennes, nous devons rester objectif et remarquer que ce document présente des carcatéristiques problématiques qui nous conduisent à penser que nous sommes devant la reconstruction d’un tuileur de Misraïm et non une filiation [3].
Tout d’abord nous devons remarquer que ce texte a dû être composé au plus tôt en 1881 et au plus tard en 1885 (puisque LEBANO recevra plusieurs membres à ce système cette année-là). Pour s’en convaincre, il suffit de relever certains détails qui ne trompent pas comme par exemple le nom du 90ème degré qui est Sublime Maître du Grand-Œuvre. Cette appellation pour le 90ème degré a une histoire, elle fut inventée par Jean-Etienne MARCONIS en 1834 pour le 89ème degré de son rite de MEMPHIS nouvellement créé. Ce n’est que lors de la fusion des deux rites égyptiens de Memphis et Misraïm en 1881 avec GARIBALDI (fusion politique et non effective) que YARKER l’a utilisé pour désigner le 90ème degré du nouveau rite de Memphis-Misraïm. La date de 1881 est donc la plus ancienne que l’on puisse imaginer pour la rédaction de ce tuileur. D’ailleurs, les quatre grades de LEBANO reprennent d’autres appellations du rite de Memphis de MARCONIS, ce qui ne devrait pas être le cas si LEBANO avait reçu une filiation continue de l’échelle de Naples depuis la fin du 18ème siècle. En fait, la construction de son système semble s’inspirer directement de l’idée de la fusion des rites par GARIBALDI dont il est le contemporain, ce qui apparaît d’ailleurs plus explicitement dans les statuts officiels du Grand Ordre Egyptien où on apprend par ailleurs que « l’Ordre » remonterait à 850, date des plus étranges qui démontre, si besoin en était, que LEBANO a pris certaines libertés avec l’histoire. On y retrouve là l’esprit du désir égypto-maniaque des maçons du 18ème siècle qui cherchaient absolument à trouver les ancêtres les plus prestigieux, à remonter le plus loin possible dans leurs légendes afin d’affirmer une certaine primauté sur les autres. Mais peut-être que dans le cas de LEBANO, nous pouvons l’entendre aussi à un niveau différent de compréhension en imaginant par exemple qu’il s’agisse en réalité de la date de 1850…
Là ne s’arrête pas les incongruités. On retrouve également dans ce document la trace des faux tuileurs inventés par les BEDARRIDE, ce qui est plus étonnant. Par exemple, nous pouvons y retrouver les mots secrets ou de passe des grades de ces derniers : Ghibor Gheborim Adir Adirim etc. Il faut donc, sans remettre en cause l’intérêt de ce dont LEBANO et ses Frères étaient dépositaires par ailleurs, faire le constat que LEBANO s’est servi de ce qu’il avait sous la main pour créer son système maçonnico-théurgique destiné à servir d’introduction au système osirien, système très différent du tuileur de l’échelle de Naples originelle.
Si ce tuileur est effectivement la source de la théurgie des autres rites égyptiens qui viendront par la suite, on peut tout à fait imaginer que les informations issues des tuileurs des BEDARRIDE que l’on y retrouve sont peut-être ce qui a influencé l’interprétation de VENTURA dans ses analyses lorsqu’il affirmera dans son livre que les Frères BEDARRIDE avaient bien possédé ces grades. Sans doute n’était-il pas en mesure de savoir que c’était LEBANO ou son entourage qui avait rédigé le tuileur à partir de diverses sources récentes de l’époque dont Eliphas LEVI.
Ainsi, lorsque Denis LABOURE signale une théurgie avec conjuration des 4, 7 ou 9 anges etc., lorsque VENTURA évoque la source française des ARCANA, lorsqu’il affirme aussi que les BEDARRIDE ont bien possédé ces grades, nous retrouvons là tous les ingrédients contenus dans le système théurgique créé par LEBANO ou son entourage direct vers 1880 qui sera insufflée dans le tuileur maçonnique de Misraïm et qui deviendra la théurgie secrète des ARCANA ARCANORUM dont on parlera tant dans les années 1990 mais dont nous devons remarquer qu’elle ne provient pas de la source originelle, tout simplement parce que les éléments ne sont pas ceux du tuileur de l’échelle de Naples.
Ce qui a permis de surprendre les français sur ce sujet, c’est sans doute que cette histoire fut principalement italo-italienne, ce qui se remarque aisément par la différence des grades pratiqués encore aujourd’hui de 90 à 95. La France et l’Italie utilisent deux systèmes très différents, même si des doubles appartenances ont pu contribuer à croiser les sources et les informations.
Cependant, la superstructure qui fut derrière Misraïm, les Myriam et même l’Ordre Osirien Egyptien reste un mystère quant à ses origines. S’il est certain que nous sommes en présence de l’école hermétique napolitaine (bien que les textes de LEBANO ne reprennent pas l’échelle originale), les documents dont se sont servis LEBANO, DE SERVIS et KREMMERZ restent encore pour un certain temps énigmatiques. Peut-être est-il intéressant de mentionner que beaucoup de membres du Grand Ordre Egyptien ont possédé des bibliothèques de manuscrits fort rares et inconnus du public, que certains membres étaient très proches du Vatican. Rien n’interdit d’imaginer qu’à partir de telles sources, des esprits brillants comme LEBANO, DE SERVIS ou KREMMERZ aient pu organiser voir créer un système ésotérique complet à partir de telles sources. A cet égard, une étude approfondie de la signification de la « solarité » osirienne du Grand Ordre Amonnéen pourrait permettre de le comprendre...
- Axel KAROL
[1] Publié pour la première fois en anglais en 1896 (n’a jamais été traduit en français)
[2] L’ARCANO DEGLI ARCANI, Edizioni REBIS - 2005
[3] Reconstruction justifiée sans doute, si l’on réfléchit au fait que l’on ne saurait introduire au sacerdoce alchimique sans une préparation préalable. Le recours à des approches tierces comme celui de LEVI pouvant donc avoir du sens dans un système préparatoire.